L’alimentation des poissons pose un problème bien plus complexe que celle du chien et du chat. On a en effet, dans un même aquarium, une multitude d’espèces aux besoins différents. Pourtant, l’alimentation est un gage de réussite pour l’aquariophile même s’il ne se rend pas toujours compte de son importance.
Le premier signe de bonne santé chez le poisson, comme chez beaucoup d’autres animaux, reste l’appétit. De plus, la qualité de l’alimentation a de nombreuses conséquences; c’est un facteur de santé, de croissance, de reproduction, mais c’est aussi un facteur de pollution important !
Aujourd’hui, grâce à l’alimentation « toute prête », l’aquariophilie est plus facilement accessible aux personnes qui ne désirent pas ou qui ne peuvent pas passer du temps à rechercher de la nourriture vivante. Beaucoup de critiques d’aquariophiles chevronnés sont aujourd’hui dépassées devant les nouveaux produits du commerce qui, formulés à partir de nombreux ingrédients, diminuent notablement les risques de carence.
D’ailleurs, de nombreux professionnels de l’élevage sont passés à l’alimentation industrielle, plus rationnelle et plus facile à manipuler que la nourriture vivante. Le secret réside dans le choix d’aliments adapté au régime alimentaire des poissons que l’on désire maintenir. Pour faire ce choix, je vous propose, tout d’abord, d’étudier les besoins des poissons d’aquarium.
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Le régime alimentaire des poissons
On peut diviser en quatre catégories les régimes alimentaires des poissons dans leur milieu naturel: carnivore, herbivore, limnivore (limivore) et omnivore.
Remarque: limnivore = qui se nourrit des débris organiques contenus dans le limon. Ces catégories ne sont pas rigides, par exemple, le scalaire est omnivore à tendance carnivore.
Ces différents régimes correspondent à des modalités de prise de nourriture différentes selon la taille de l’estomac.
Les poissons du genre Osteoglossum se satisfont d’une volumineuse prise de nourriture (poisson) de temps en temps, alors que ceux du genre Corydoras passent leur temps à s’alimenter.
La longueur du tube digestif n’est pas une bizarrerie de la nature mais un atout pour certains poissons. Chez tous les herbivores monogastriques (et pas seulement chez les poissons), on rencontre un intestin long et volumineux qui permet l’installation d’une flore microbienne commensale. Cette population microbienne digère les glucides et la cellulose des végétaux, au profit de l’herbivore.
Nos poissons ont besoin de certaines teneurs en protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux dans leur alimentation pour assurer leur survie et leur développement. Les taux de ces différents nutriments (ou aliments simples) sontvariables selon le régime alimentaire.
La morphologie de la bouche est adaptée à la prise de nourriture par sa taille et par sa forme.
Les poissons se nourrissant en surface ont une bouche orienté vers le dessus. A l’inverse, les « ancistrus », brouteurs d’algues inépuisables, ont une bouche infère qui leur sert aussi d’organe de fixation.
Un prédateur piscivore aura une bouche en position médiane, de grande taille en position ouverte et dotée de dents tranchantes.
En aquarium, un poisson peut accepter une nourriture inadaptée (faute de mieux), mais à long terme celle-ci est néfaste pour sa santé et celle de l’aquarium.
Les besoins en énergie
Ils sont très difficiles à connaître chez le poisson d’aquarium. Toutefois, les poissons étant hétérothermes (leur température interne est variable), ils ont des besoins moins importants que les mammifères et proportionnels à la température de l’eau.
A 20°C et toute proportion gardée, le poisson rouge a des besoins 4 fois moins important que l’homme [ Pannevis MC., Earle KE. – 1994].
De plus, leur forme hydrodynamique permet une importante économie pendant les déplacements. Enfin, ils utilisent des voies métaboliques moins coûteuses que celles des mammifères.
Dans la nature, les poissons sont confrontés à une alimentation pauvre en énergie. Ils se sont adaptés en développant un insatiable appétit.
En captivité, on ne peut respecter ce comportement, sinon l’aquarium deviendrait vite surchargé en substances organiques.
Au contraire, on va utiliser une nourriture riche mais en petite quantité.
Commentaire : le besoin énergétique dépend de l’espèce, de l’activité, de la température de l’eau mais reste très faible par rapport aux animaux homéothermes. A partir de ces données, une boite de 250 g de flocons peut nourrir pendant un peu plus de 4 ans une population de 10 néons, 10 danios et deux gouramis !
Il est donc aberrant d’acheter de gros conditionnement quand on a un petit aquarium.
Les protéines (ou protides)
Elles se rencontrent essentiellement dans les denrées d’origine animale. Le poisson étant surtout constitué de protéines, il a un besoin impératif de celles-ci pour assurer un cycle de reconstitution et de croissance protéique.
Toutefois, il convient de ne pas dépasser certaines valeurs, surtout avec les herbivores. En effet, au-dessus d’un certain seuil, les protéines en excès sont gaspillées. Ce processus se traduit par la formation de NH3 (ammoniaque), toxique à faible dose, excrété par les branchies, puis à plus long terme de NO3– (nitrates). voir cycle de l’azote pour plus de détails.
On voit ici qu’une nourriture mal adaptée ou distribuée trop abondamment constitue une source majeure de dégradation de la qualité de l’eau.
Lorsque l’on parle de protéine, il faut prendre en compte la valeur biologique; c’est à dire l’efficacité et la teneur en acides aminés essentiels. Par exemple, le cœur de bœuf est mieux utilisé que le tendon du même animal pour une teneur en protéines proche.
Pour nos poissons d’aquarium, la farine de poisson ou le blanc d’œuf (albumine) constituent de très bons ingrédients car ils ont une grande valeur biologique.
Les lipides (ou graisse)
C’est la source d’énergie préférentielle. En effet, après avoir été utilisés par les cellules, ils se décomposent en eau et en dioxyde de carbone (CO2), inoffensifs.
Ce processus est extrêmement efficace, les teneurs en lipides ne doivent donc pas être excessives .
Sinon, la surcharge entraînerait des complications très graves comme la mort du poisson à la suite d’une dégénérescence graisseuse du foie.
Les lipides permettent d’économiser l’utilisation des protéines dans la production d’énergie, il faut donc une teneur suffisante pour éviter la formation de NH3.
Les lipides doivent provenir de végétaux ou de farine de poisson pour contenir suffisamment d’acides gras essentiels (acides gras insaturés).
Mais ils s’oxydent facilement au contact de l’air en donnant des composés toxiques (odeur de rance). On veillera à ne pas stocker l’aliment trop longtemps.
Enfin, les lipides sont le support des vitamines liposolubles.
Les graisses d’animaux terrestres sont peu compatibles avec le régime de nos poissons d’aquariums.
A la température de nos aquariums, elles sont à l’état solide et sont peu digestes. Le cœur de bœuf, composant traditionnel, doit être soigneusement paré afin d’éliminer la graisse.
Les glucides (ou hydrates de carbone)
Ils sont rares dans l’écosystème aquatique et ne sont généralement pas nécessaires. Sauf pour les herbivores dont la flore microbienne intestinale est suffisamment développée pour les digérer.
A l’inverse un carnivore ne peut que partiellement les utiliser, et l’excès constitue une source de problèmes, autant pour la santé du poisson que pour la qualité de l’eau.
La cellulose (les fibres)
C’est un constituant des parois végétales. Elle n’est digérée que par les herbivores. Mais sa présence favorise et régule le transit intestinal, même chez les carnivores.
Un aliment trop fin ou avec peu de cellulose provoque de graves problèmes digestifs.
L’eau
Elle conditionne la durée de conservation de l’aliment. Elle ne doit pas dépasser 15% de la composition d’une nourriture sèche.
Son rôle est important dans la conservation des aliments congelés. Sans rentrer dans les détails, la plupart des fabricants d’aliments pour aquariophilie et la plupart des magasins ne maîtrisent pas cette technologie pourtant fort utile.
Je vous déconseille d’utiliser trop souvent des aliments congelés pour poisson souvent pollués et mal conservés.
Les vitamines
Certaines sont indispensables pour le bon fonctionnement de l’organisme. Les besoins exacts sont difficiles à connaître pour toutes les espèces et les études menées sur le saumon et la truite sont difficilement applicables aux espèces tropicales.
Les vitamines peuvent être divisées en deux groupes; les vitamines liposolubles, qui se trouvent dans les lipides, et les vitamines hydrosolubles, qui s’échappent de l’aliment en présence d’eau.
Pour les vitamines liposolubles, les carences sont extrêmement rares à condition d’avoir un aliment contenant suffisamment de lipides.
Mais le problème est tout autre pour les vitamines hydrosolubles. Des études, menées à WALTHAM Aquacentre, ont montré que jusqu’à 90% des vitamines hydrosolubles contenus dans un aliment en paillettes sont lessivées dans les trente secondes qui suivent l’introduction de l’aliment dans l’aquarium.
Ces vitamines sont alors perdues pour les poissons. La forme de l’aliment est essentielle car plus la surface est petite par rapport au volume et plus les vitamines hydrosolubles sont protégées du lessivage de l’eau. C’est un argument en faveur de la nourriture en granulés par rapport à la nourriture en paillettes.
Les carences en vitamines se manifestent par des symptômes divers: diminution de la résistance aux maladies, apathie, dérèglement hormonal et métabolique, diminution de la fécondité et de la croissance, mortalité…
Pour assurer une bonne conservation des vitamines, il faut un emballage hermétique et opaque. Après ouverture, les vitamines ne se conservent que trois mois!
Attention aussi aux excès du marketing : « enrichi en … ». Les besoins des poissons étant inconnus, les excès en vitamines sont aussi néfaste que les carences.
Minéraux et oligo-élément
Les poissons sont capables de prélever directement dans l’eau les minéraux dont ils ont besoin.
De plus, les aliments industriels ont, dans leurs ingrédients, des substances végétales riches en minéraux.
A l’inverse, la nourriture vivante est souvent carencée en minéraux et oligo-éléments. Il faut en tenir compte dans une eau peu minéralisée.
Bilan
Le régime alimentaire naturel définit les besoins alimentaires.
Vous trouverez les références admises pour chaque régime. Protéines et lipides sont les principales valeurs à prendre en compte puisque les autres composantes (glucides, cellulose) sont conditionnées par les deux premières.
L’alimentation est très importante. Elle doit être variée et surtout équilibrée en respectant les régimes alimentaires des différents poissons( omnivore…) Dans le commerce on trouve de la nourriture sèche telles que les paillettes, granulé, crips, tubifex séchés…., de la nourriture congelée (artémias, daphnies; vers de vase, moules,…) et même de la nourriture vivantes!